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Les Dys et le Shiatsu

Dernière mise à jour : 12 mai 2021


La dyslexie n’est pas le résultat d’un manque de motivation, d’anomalies sensorielles, d’un mauvais enseignement ou de conditions limitantes. Elle se retrouve chez des personnes intelligentes, normalement scolarisées et vivant dans un milieu socioculturel normalement stimulant. L’enfant dyslexique, contrairement à ce qu’on entend souvent, n’est donc pas «un vilain petit canard». Les facteurs héréditaires interviennent dans 50 % des cas. La dyslexie touche de 1 à 8 % des enfants d’âge scolaire, quelles que soient leur appartenance géographique et leur origine raciale. Chez la personne dyslexique, on observe un manque de concordance plus ou moins accentué entre le son de la langue orale et sa représentation écrite. Le dépistage est souvent tardif et la mise en place d’une aide l’est encore plus. Ce qui entraîne des perturbations plus importantes et mal vécues.


Quels maux sous les mots?

Il s’agit fondamentalement d’un trouble du langage. Et selon l’OMS, la dyslexie est un trouble spécifique de la lecture. Elle est aussi une difficulté durable et sévère de l’acquisition du langage écrit.


Bien que de nombreuses hypothèses soient soulevées, la dyslexie reste globalement inexpliquée: difficultés névrotiques, désordres affectifs ou troubles familiaux, désordre constitutionnel d’origine héréditaire, anomalie cérébrale?

Les études et observations continuent. Beaucoup de chercheurs estiment que la dyslexie est elle-même la manifestation d’une difficulté affective préexistante. Il y aurait un trouble profond de la personnalité d’origine psychologique et donc un refus de communiquer. On note aussi que souvent l’apprentissage du langage et l’acquisition de la lecture et de l’écriture chez l’enfant sont souvent très attendus par les parents. L’attente des parents pèse trop sur l’enfant. Le dyslexique vit constamment en profonde contradiction entre la limite de ses capacités et la multitude de ses aspirations. Il lui est impossible d’exploiter ses véritables capacités alors qu’elles sont là et il le sait. De là, naissent sentiments d’impuissance et de malaise mais aussi de frustration. L’on mesure ainsi les conséquences importantes non seulement sur la vie scolaire, mais aussi sur les comportements, caractère, personnalité, relations sociales et avenir professionnel qui en découlent. Et de plus, pour lui, le handicap n’est pas visible sur le corps comme peuvent l’être les non-voyance, surdité, difficultés de motricité...!


Solutions actuelles

Les traitements classiques sont orthophoniques et ophtalmologiques. Et certains font appel à l’ostéopathie car «À tout état pathologique correspond un état d’équilibre plus ou moins perturbé de notre corps » (Vaincre la dyslexie par les thérapies manuelles, p.62, Roger Daudin)

L’ostéopathie crânienne est attentive aux modifications de chaque composant du crâne, qu’il soit osseux, liquidien ou membraneux. Il serait beaucoup trop long et surtout beaucoup trop fastidieux

d’étudier le fonctionnement du cerveau. Je vais simplement donner le rôle fonctionnel des différents territoires ou lobes du cortex. Ces notions sont également très importantes pour le Shiatsu. Le Shiatsu du visage est un Shiatsu qui apaise et clarifie l’esprit. Il est indiqué pour les personnes hyperactives, nerveuses. À ce titre, le dyslexique y trouve un véritable réconfort.


· Le lobe frontal : responsable de la programmation des comportements, du trouble du langage, de l’activité intellectuelle.

· Le lobe pariétal: c’est celui de la sensibilité générale. Son atteinte pourra altérer la représentation du schéma corporel avec: troubles visuels, troubles du langage oral et écrit (avec dominance gauche pour le langage, droite pour l’attention.).

· Le lobe temporal: son atteinte donnera des troubles auditifs.

· Le lobe occipital: c’est le cortex visuel.


La dyslexie semble toujours correspondre à un dysfonctionnement de l’os temporal et la facilité à lire est souvent améliorée par une mobilisation et un rééquilibrage des os temporaux.

«Les problèmes sont en rapport avec l’ouïe, l’équilibration, douleur et vagotonie. Il en est de même avec la suture occipito-mastoïdienne et la compression des condyles occipitaux»

Thérapie cranio-sacrée, p.177, John Upledger).

La personne dyslexique passe par des moments éprouvants. Nous pouvons, dès à présent, nous interroger sur les bénéfices que pourrait apporter le Shiatsu au dyslexique.


Le toucher

Réconcilier le dyslexique avec son corps

L’enfant dyslexique est souvent en conflit avec son corps. Il ne sait pas, seul, réagir à cette tension. Avec le Shiatsu, il pourra peu à peu parvenir à un “état d’équilibre relatif” et surtout trouver une certaine sérénité. L’enfant pourra progressivement réintégrer ou intégrer une sensation d’unité ou de bien-être sous la pression de la main exercée par le praticien. «Le corps (dont la peau) est un lieu d’inscription de sensations et d’expression des émotions, un lieu dans lequel peuvent se lire les signes du bien-être ou du mal-être physique et/ou psychique d’une personne» (La pratique du Shiatsu en thérapie psychomotrice, p.63, Sophie Carrie).


Au niveau embryonnaire, au tout début, la peau et le cerveau sont dans le même feuillet (même

enveloppe). Ils sont formés du même tissu. C’est seulement au bout de quelques semaines qu’ils se séparent pour se différencier. Des connexions nerveuses de par l’influx nerveux et des neuromédiateurs vont, toute la vie, établir des connexions entre le cerveau et la peau. Le Shiatsu de l’enfant est très différent de celui de l’adulte. Il est important que l’enfant le perçoive non comme un entretien médical, ni même comme une séance d’orthophonie, mais comme un moment où son corps pourra se libérer de ses contraintes. L’enfant dyslexique a déjà souvent eu à combattre de nombreuses difficultés. En conséquence, il est “souvent rentré dans sa coquille” pour cacher ce handicap. Avec lui, il sera donc très important de dialoguer, d’expliquer ce qu’est un

Shiatsu, et d’être attentif aux réactions. Il est important de dédramatiser la situation et d’instaurer un climat de confiance. Une musique de fond, qui correspondrait aux goûts de l’enfant, y a souvent contribué. Sérénité et mise en confiance sont ici plus que jamais les clefs d’un bon Shiatsu. L’enfant pourra percevoir ses vêtements comme une protection. Si, pour le premier Shiatsu, l’enfant reste un peu trop couvert, il ne faut pas dramatiser. Souvent pendant la séance, l’enfant se pose mais reste très attentif et “prêt à bondir”: les yeux ouverts, le regard un peu inquisiteur... Il est bon d’introduire l’échange verbal, d’établir une communication. Le praticien parle, explique et l’enfant reçoit. Il est important, pendant le Shiatsu, de nommer doucement les parties du corps que l’on touche et d’en expliquer lentement et sommairement les fonctions. Cette attention vis-à-vis de son corps sera peut-être nouvelle pour l’enfant.

Au cours du Shiatsu, il faudra s’attarder sur différents points qui ont une action particulière sur le psychisme et l’activité émotionnelle. Ainsi les points d’Assentiments des organes, le long du trajet du méridien Vessie. Ces points font écho aux points du deuxième trajet Vessie et ainsi, nous aurons en regard:

- V42: chagrin, tristesse profond

- V43: stimule la mémoire et les fonctions psychiques

- V44: calme l’esprit, l’anxiété, les troubles émotionnels, la dépression

- V47: colère, difficulté pour planifier sa vie, dépression

- V49: surmenage, accroît la vivacité d’esprit, la mémoire, la concentration, la confiance en soi

- V52: fatigue, épuisement lassitude psychique


Le Shiatsu des jambes et des bras renforcera la confiance en soi, apaisera l’esprit et harmonisera la prise de décision. Lorsque les charges émotionnelles seront trop importantes, nous aurons à travailler sur la nuque et le thorax. Il est évident que jamais on ne fera un Shiatsu sur un enfant qui n’y consent pas, même si les parents semblent l’y obliger. Par contre, dans des situations inverses, il peut être opportun de suggérer un Shiatsu avant une séance d’orthophonie. La rééducation sera globale. L’enfant, détendu, pourra répondre plus positivement aux sollicitations. La durée d’une séance sera également à évaluer. L’enfant peut montrer plus ou moins de fatigue ou d’intérêt. Elle variera donc de 20 à 40 minutes. Il faut, bien sûr, prendre en compte l’âge de l’enfant. Il vaut mieux que la séance soit raccourcie ou transformée en dialogue si l’on perçoit cette impatience. Cependant, le Shiatsu - et la bienveillance avec laquelle il est effectué - peut déclencher chez une personne, a fortiori chez un enfant, une intense satisfaction: quelqu’un aurait-il enfin compris son problème? Le prend-il enfin en compte?


shiatsu & dyslexie

Ce qu’apporte un accompagnement Shiatsu

À travers le Shiatsu, le praticien et le receveur interagissent pour rétablir un équilibre. Il est important de bien comprendre les problèmes que l’enfant a rencontrés. Le sentiment d’être compris le mettra en confiance. Il faut toujours se souvenir que, chez le dyslexique, c’est l’outil de l’intelligence qui fait défaut et non l’intelligence elle-même. L’étude de la dyslexie est donc totalement indispensable pour traiter la dyslexie. Il est aussi très important d’être à l’écoute. Écouter et savoir que l’enfant peut avoir des difficultés pour s’exprimer. Savoir prendre le temps pour comprendre. Nos émotions nous permettent de communiquer nos sentiments intimes.

Lorsque nous regardons l’enfant, nous pouvons déceler des éléments qui serviront au bilan. Conscients de se trouver dans l’impossibilité de répondre à l’attente de leurs parents et de leurs enseignants, et même déçus de ne pas vivre leurs propres rêves, ils sont acculés à des conduites d’évitement, à se replier sur eux-mêmes, développant un sentiment de culpabilité. Naissent à partir de là des troubles de l’humeur, de la fatigue, et même des terreurs nocturnes ou de la dépression. Le Shiatsu pourra, là encore, répondre à cette attente: gestion du stress, de la confiance en soi, voire hyperactivité ou colère face à ce qui est vécu aussi comme une injustice. Il sera complémentaire à l’équipe médicale et à l’enseignement. Quant aux parents, frappés de plein fouet par la culpabilité, le praticien pourrait aussi leur proposer un Shiatsu. Car, en plus du réel bénéfice sur la santé, il créerait une certaine complicité. C’est toute la cellule familiale qui est concernée. Il y aurait valorisation du travail sur l’enfant. De plus, en donnant aux parents cette aide, nous élargissons le cadre même du Shiatsu à la notion de Shiatsu familial.


Ce projet n’est-il qu’un rêve ou puis-je doucement le caresser?

C’est, en tout cas une idée que je vais poursuivre. Il sera important d’entraîner l’enfant dans le bon cheminement de la respiration. L’émotion et la respiration sont inséparables. Si l’on nous apprend à respirer correctement, nous sommes préparés à calmer l’émotion et l’esprit par le souffle. En portant une attention toute particulière à la respiration, nous allons contrôler l’équilibre yin/yang. Lors des Shiatsu donnés aux enfants dyslexiques, j’ai parfaitement pu constater une respiration très soutenue, rapide au début de la séance. Le dyslexique, plus que quiconque, est fragile lorsque l’on commence à toucher son corps si souvent meurtri. Il me semble important, à ce moment-là de la séance, d’associer des pressions suffisamment lentes pour induire une respiration plus calme. À la fin, on pourra expliquer ce phénomène et conseiller à l’enfant de penser “respiration” dans chaque situation de “mal-être”.


Conclusion

Nous avons pu, au fil de ce mémoire, comprendre un peu plus ce qu’était la dyslexie. L’explication de ce trouble s’est avérée indispensable tant il comporte de facettes. Trop souvent banalisé, pourtant il est un réel handicap pour la personne qui en souffre. De la souffrance physique à la souffrance psychique, c’est toute une vie qui est, au quotidien, bousculée. Il est donc indispensable, pour soigner le dyslexique, que tous les intervenants prennent leur place.

Sans donc se substituer aux traitements efficaces actuels, le Shiatsu a une place à prendre. En effet, son toucher spécifique peut devenir une autre manière de communiquer. Il peut contribuer à établir un meilleur équilibre physique, mental et émotionnel, apporter un relâchement des tensions qui sont à l’origine du stress, de l’anxiété, de la dépression. Il apportera à l’enfant la confiance en lui. Et comme les dyslexiques possèdent souvent de nombreux talents, j’ai souvent imaginé leur proposer, après une séance de Shiatsu, de leur donner la possibilité de lâcher leur poison sur le papier. Les initier doucement, en leur apprenant à bien respirer. Leur apprendre à développer l’expressivité de par une écriture audacieuse qui fait de merveilleux rubans et qui balaye tous les préjugés sur leur trouble. Quelle victoire!


Extraits du mémoire de Marie Paule BOEREZ, praticienne en Shiatsu FFST


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